POLYNESIE FRANCAISE

    Coronavirus :
Ces héros du quotidien



            ︎ PHOTOS et ARTICLE par Suliane Favennec




Depuis le début de la crise du coronavirus sur le territoire, la vie des Polynésiens a littéralement été bouleversée. Le confinement suivi du couvre-feu ont perturbé le quotidien de tous. Beaucoup ont dû arrêter de travailler mais certains sont encore sur le front. Par choix ou par nécessité. Portraits de ces travailleurs qui sont en première ligne. 



︎REPORTAGE a tahiti (AVRIL 2020)


               ︎  Il aura fallu attendre une crise sanitaire provoqué par un satané virus invisible pour rendre visible ceux qui travaillent dans l’ombre. Depuis le début du confinement, décrété le 20 mars dernier, des femmes et des hommes sont en première ligne pour faire tourner l’économie, prendre soin de nous et, parfois aussi, pour notre confort. Pendant que la majorité se confine, d’autres s’exposent. Par choix mais le plus souvent par nécessité. A Tahiti, on compte 70 infirmiers libéraux qui travaillent au quotidien pour s’occuper des personnes fragiles. Leur travail est indispensable pour continuer une prise en charge des soins. Pourtant, les risques sont là. Le virus peut être partout, malgré les mesures sanitaires adoptées par tous. Les transporteurs sanitaires sont à la même enseigne. 




 

                                                                     
Les Polynésiens malades, qui sont suivis en dialyse ou en chimiothérapie, ont besoin d’eux pour accéder aux soins. Les sages-femmes sont plus épargnées mais ont pris leurs dispositions pour éviter tout contact et fragiliser les jeunes mamans. Puis, il y a ces travailleurs de l’ombre qui aident l’économie à fonctionner et surtout qui permet à la population de continuer à vivre. Les caissiers et les pompistes sont en première ligne. Tous les jours, ils voient défiler des dizaines de personnes. Tous les jours, ils se mettent danger. Et pourtant, ils sont indispensable au fonctionnement de notre société, à l’instar des policiers et des pompiers. Ces gardiens qui assurent notre sécurité et notre santé sont quotidiennement au front, en contact permanent avec la population. Sans eux, il n’y aurait plus de cadre et certainement un nombre de décès plus important. Enfin, il y a ces travailleurs qui participent à notre confort en temps de confinement. Les femmes de ménages continuent à prendre soin des entreprises et des maisons, les livreurs sont au service de la population et répondent aux envies des uns et des autres. Autant de métiers qui sont exposés alors qu’ils sont souvent restés dans l’ombre. Mais, aujourd’hui, toutes ces femmes et tous ces hommes sont les héros de notre quotidien.


Elle est son rayon de soleil quotidien. Il a le sourire jusqu’aux lèvres lorsqu’il la voit arriver. Joseph, 70 ans, est hémiplégique. Il ne peut plus se déplacer ni parler correctement. Infirmière libérale, Stéphanie le suit depuis dix-huit ans. Au fil des ans, le duo a développé une véritable relation de confiance. « Ce n’était pas évident car Joseph était difficile au début, il en faisait qu’à sa tête. Le fait que je m’occupe de lui a apaisé la famille et rendu leur vie meilleure». Tous les jours, elle vient lui changer ses pansements car le septuagénaire a développé des ulcères, et lui faire sa toilette. « Il l’aime bien et il est calme avec elle », confie Hina, soulagée d’avoir l’infirmière à ses côtés pour s’occuper de son mari mais aussi pour répondre à ses propres inquiétudes. Au-delà d’un soin, Stéphanie établit un lien social avec ses patients. Cette infirmière suit beaucoup de personnes âgées dans l’incapacité de se déplacer. Finalement, le confinement ne change pas grand-chose à leur quotidien. « Ils ne sortent pas ou très rarement, du coup, je fais le lien avecl’extérieur ». Mais, depuis le début de l’épidémie de coronavirus, beaucoup de familles sont  préoccupées et posent tout un tas de questions autour de ce virus inconnu. « On essaye de les rassurer mais surtout on a fixé des règles à la maison! On peut être porteur sain, alors je fais comme si je l’étais par précaution. On ne veut pas encombrer les hôpitaux et ne pas répandre la maladie non plus. ». A l’entrée de la cour de Joseph, un robinet extérieur est installé. Avant d’entrer dans la maison, on se lave les mains au savon ici. Stéphanie suit scrupuleusement ces gestes. Même si pour le reste des soins, ce n’est pas toujours facile de respecter ces règles sanitaires, comme la distance d’un mètre. « Quand je fais la toilette, on ne se parle plus car on veut éviter les postillons. Mais, je suis tout de même obligée d’être proche de mes patients, c’est impossible de faire la toilette à un mètre ! ».

« on envoie des soldats au front sans armes ! »

Avec le syndicat des infirmiers libéraux de Polynésie française, Stéphanie a demandé du matériel adéquat à la situation de crise :














Stéphanie, infirmière libérale :

« Du dévouement et de l’abnégation, oui,
mais du sacrifice, non »









une surblouse, des gants, du gel hydro-alcoolique et bien sûr des masques de préférence les fameux FFP2, qui protègent à la fois le patient et le soignant.  Comme tous les infirmiers libéraux, elle a reçu une dotation de 100 masques chirurgicaux par l’ARASS, l’agence de régulation de l’action sanitaire et sociale. Pour le reste, les soignants sont en attente. « On a eu des promesses, on attend de voir si elles vont se réaliser ! Pour l’instant, nos patients ne sont pas malades du covid-19 mais si la situation évolue, on ne va pas aller se battre sans être protégés ! On dit que c’est la guerre mais on envoie des soldats au front sans armes ! Du dévouement et de l’abnégation, oui, mais du sacrifice non », martèle Stéphanie préoccupée par la suite des événements. « On a une population fragile. Pas seulement des personnes âgées mais aussi des sujets jeunes qui ont des multi-pathologies : insuffisance cardiaque, pulmonaire ou encore obésité morbide. Ça peut être virulent !».

Si Stéphanie pense à ses patients, elle prend aussi toutes les précautions pour protéger sa petite famille, en particulier sa fille de 16 ans. Elle a donc mis en place tout un processus lorsqu’elle rentre à la maison. Elle nettoie d’abord sa voiture et ses mains avec des lingettes, elle enlève son masque qu’elle met soigneusement dans une poubelle à cet effet. Elle repasse de la lingette sur ses mains puis passe le portail d’entrée. Elle enlève ses chaussures qu’elle nettoie avec de la javel, elle met ses habits dans un sac plastique qui va directement à la machine à laver. Puis, enfin, elle entre dans sa maison direction la douche. Ces nouvelles habitudes sont parfois contraignantes mais nécessaires pour éviter toute contamination. Stéphanie les suit à la lettre pour continuer à faire son travail et prendre soin de sa grande famille.
          




Michaël, transporteur sanitaire

« On est les premiers à être exposés »



Teganahau a 87 ans. Trois fois par semaine, il doit aller faire quatre heures dialyse pour son insuffisance rénale. Sans ça, il risquerait d’avoir de graves problèmes. « On a besoin d’être transporté au centre, c’est vital pour nous », confie l’octogénaire, qui prend ses précautions. Fini les promenades à la presqu’île, Teganahau ne sort plus de son quartier sauf pour se rendre au centre de dialyse. Une manière de se protéger mais aussi de protéger son chauffeur. Michaël est transporteur sanitaire. Depuis trois ans, il s’occupe de Teganahau. Mais il a une dizaine de patients en chimiothérapie, en radiothérapie ou en dialyse, à transporter tous les jours.
Michaël croise donc du monde dans sa journée de travail. « On est les premiers à être exposés. On va chez les patients, on ne sait pas s’ils ont les symptômes et on les transporte quand même. On prend des risques tous les jours ». Le jeune homme de 24 ans travaille avec deux autres collaborateurs dans la société. Il existe au total en Polynésie française 52 sociétés actives de transport sanitaires avec un total de 80 véhicules en circulation.

« L’ARASS aurait pu faire un petit effort »

Gérés par l’ARASS, l’agence de régulation de l’action sanitaire et sociale, les transporteurs ont été dotés de masques. Chaque véhicule contient 50 masques pour trois semaines. Mais pour les gants et le gel hydro-alcoolique, ils se fournissent en pharmacie. « On paye nous-même. L’ARASS aurait pu faire un petit effort », estime Michaël qui prend de son côté aussi les mesures nécessaires. Désormais un seul patient est accepté par transport au lieu de deux ou trois parfois. Le véhicule est désinfecté à chaque patient. « Ca les rassure aussi car ils sont inquiets, ils savent qu’on a transporté d’autres personnes avant. Puis, ils se posent beaucoup de questions ». Michaël tente toujours d’avoir le bon mot pour les tranquilliser. Un moyen aussi de se rassurer soi-même. Car, le trentenaire sait qu’il devra continuer de travailler pour s’occuper de cette population fragilisée. Des personnes qui ont besoin de ces héros du quotidien.




Écouter, accompagner, rassurer



« Bonjour Lisa, comment vas-tu aujourd’hui ? ». Cette future maman est la première patiente de la journée de Sandrine. La sage-femme de 46 ans vient tout juste de commencer les cours de préparation à la naissance par vidéo-conférence. « Aujourd’hui, on va faire un cour sur l’allaitement ». Au programme : des explications sur les bienfaits de l’allaitement, une démonstration des positions et des fiches techniques envoyées par mail. Deux heures de cours à suivre non plus en collectif mais par appel vidéo. Depuis le début du confinement, Sandrine a dû changer certaines habitudes avec ses patientes pour éviter le contact, et cette nouvelle pratique s’est vite imposée comme une solution afin de pallier aux cours du cabinet. En Métropole, la téléconsultation vient tout juste d’être acceptée avec une parution au journal officiel. « On a envoyé un courrier le 30 mars à l’ARASS et à la CPS pour demander à ce que texte soit aussi applicable ici ». En attendant la réponse, Sandrine a déjà commencé les cours par vidéo-conférence avec presque toutes ses patientes. « C’est la première fois que je fais ça ! Je n’ai pas l’habitude. Je préfère bien-sûr voir mes patientes, parler à côté d’elles, mais on a vraiment limité les consultations. Si tout le monde respecte les consignes, on pourra sortir de cette crise. Alors, je préfère que ce soit un peu plus compliqué aujourd’hui. Et, s’il faut tenir un mois et demi comme ça, on le fera ».

Les consultations sont désormais rares, cette solution temporaire permet au moins aux jeunes mamans de poursuivre leurs cours. « Ca les rassure qu’on soit là pour les accompagner, elles savent qu’on va répondre à leurs questions », explique Sandrine qui garde un maximum de lien avec ses patientes. Ce n’est pas toujours facile selon la situation.

Sandrine, sage-femme

« Ca les rassure qu’on soit là pour les accompagner »





Certaines n’ont pas internet, pour d’autres il s’agit de faire de la rééducation post natale. Impossible à faire à distance. « On ne peut pas le faire par vidéo-conférence. Il vaut mieux donc que les mamans attendent quelques semaines mais il faut qu’elle soit prise en charge à 100%  quand même ».Cette doléance a également fait partie du courrier envoyé à l’ARASS et la CPS par le syndicat des sages-femmes. Sandrine se tient en contact permanent avec l’hôpital et le conseil de l’ordre pour être au courant de l’évolution de la situation. Tous les jours, ils s’échangent des informations et les protocoles mis en place. Une meilleure communication pour mieux se préparer à cette crise sanitaire sans précédent qui bouleverse le quotidien de chacun. « Après, on ne sait pas ce qu’il va se passer. L’hôpital prévoit la vague, on fait tout pour être prêt. Comment cela va fonctionner quand l’hôpital sera plein ? Tout un réseau est en place aujourd’hui ». En attendant, Sandrine continue de faire son travail auprès des mamans, de les écouter, les accompagner et les rassurer. Un travail indispensable.




Miriarii, caissière 

« Quand j’arrive à la maison, tout de suite, je prends une douche à l’extérieur »


« C’est important pour moi ces précautions car j’ai un bébé de 8 mois ». Miriarii est caissière dans un magasin d’alimentation de la ville. Une profession essentielle en ces temps de crise. Si le confinement oblige une partie de la population a arrêté de travailler, le métier de caissière est primordial. Sans elles, les magasins fermeraient et le ravitaillement alimentaire deviendrait compliqué pour la population. La jeune femme de 27 ans tient d’ailleurs à travailler, aussi parce qu’elle est le seul salaire du foyer. Travailler, oui, mais pas dans n’importe quelle condition. La gérante du magasin a pris des mesures le jour de l’annonce du confinement. « J’ai fait ce qu’il faut pour pouvoir se protéger et sans qu’on me le dise. On a peur nous aussi, on est comme tout le monde », confie la gérante qui a donc installé des plexigas aux caisses, distribuer des masques en tissus et des gants pour chacun des employés. Et, les caisses sont désinfectées à chaque client. Chacun ici adapte ses habitudes pour éviter toute contamination, même à la maison. « Quand j’arrive chez moi, tout de suite, je prends une douche à l’extérieur. Je lave mes affaires séparément et tous les jours », explique Miriarii.


Manoa, chargé des rayons frais


« C’est dur de travailler mais je suis obligé »


Dans cette supérette, tous les employés ont décidé de travailler.  Souvent par nécessité économique pour faire vivre la famille. « C’est dur mais je suis obligé pour payer le loyer et les charges. Même si j’ai peur de rentrer à la maison et de contaminer toute la famille ». Alors, Manoa, papa de deux jeunes filles prend ses dispositions au magasin et chez lui. La douche, le linge dans la machine, désinfection de la salle du bain, des poignées de porte et du scooter. De nouvelles habitudes nécessaires car ici les travailleurs croisent beaucoup de monde, surtout lors des heures de pointe. Les horaires ont été modifiés suite au couvre feux, la clientèle a baissé de moitié mais la supérette tourne toujours malgré les difficultés. « La situation est préoccupante mais on n’a pas le choix. Il faut faire ce qu’il y a faire. Il faut s’adapter », admet la gérante qui a appelé au civisme de la population et instauré un rationnement dans son magasin. Interdiction d’acheter par carton ou dizaine, c’est un par foyer pour que tout le monde soit servi. Depuis le début du confinement, des fournisseurs ont arrêté de livrer. Le magasin n’a donc plus certains produits. « On est en rupture de farine, on risque de l’être aussi en tabac… Pour le reste, heureusement, on a fait quelques stocks. ». Tout le monde ici est conscient de la situation sanitaire et économique. Chacun est inquiet mais continue de faire ce qu’il y a faire. Heureusement, car grâce à eux des services élémentaires sont assurés.



       



« La peur est présente même si j’essaye de ne pas tenir compte de cette maladie. Je fais juste les gestes qu’il faut pour me protéger et sécuriser mon foyer ». Comme un certain nombre de Polynésiens, Nadina travaille malgré l’épidémie de coronavirus qui touche Tahiti. La quadragénaire est responsable contrôleuse dans une société de nettoyage. Son rôle : vérifier que tout a bien été fait. Sur les 400 client que compte l’entreprise, seulement cinq entreprises et trois particuliers ont décidé de continuer à faire appel à eux depuis le début du confinement. Le chiffre d’affaires a fait une chute vertigineuse mais quelques salariés permettent de faire fonctionner encore la société. Nadina en fait partie. Elle aime son travail et sait combien il est nécessaire malgré la crise. Mais elle se protège, elle porte un masque et des gants même si aujourd’hui le stock est épuisé. « On essaye de s’entraider entre employé... Et surtout, on évite le contact avec les gens. Du coup, je tourne toute seule sur les chantiers ».

Depuis quelques semaines, le gérant de la société a échangé les produits de nettoyage traditionnels contre des produits adaptés au coronavirus : bactéricide et virucide. « C’est plus efficace qu’un gel hydro-alcoolique. En 15 mn, il a tout tué ! Ce produit hospitalier, on l’avait acheté en stock, j’ai proposé à nos clients de le vaporiser sur les poignées de portes et les sanitaires. », explique Cyril Camus, le gérant de la société.










Nadina, contrôleuse de nettoyage :

« Le plus difficile, c’est de travailler avec le masque et cette chaleur étouffante »



L’inquiétude de l’avenir

Nadina l’utilise pour tout : dépoussiérer, laver, passer la serpillère. Plutôt du genre consciencieuse, elle le passe partout sur et sous les meubles, le lit, les placards. Rien ne lui échappe.  « Je déplace tout comme ça je suis sûre que tout est propre. Le plus difficile pour moi, c’est de travailler avec le masque et cette chaleur étouffante, on a l’impression de plus pouvoir respirer et ça gratte ». Nadina le garde malgré l’inconfort pour protéger sa maman de 69 ans avec qui elle habite. Depuis quelques années, elle a des problèmes de respiration, du coup, elle reste à l’écart de tout le monde. « Elle s’est confinée d’elle-même. On ne s’approche pas d’elle et on met son ma’a dehors. ». Avant d’entrer dans la maison, Nadina fait le tour du fare, se déshabille à l’extérieur, met son linge directement à laver et se douche. Nadina veut continuer de travailler même si elle est en première ligne. Aujourd’hui, avec la crise, elle est le seul salaire du foyer. Et, l’avenir l’inquiète. « J’espère qu’on aura pas de surprise plus tard. Edouard Fritch a annoncé beaucoup de chose pour nous aider mais sur le long terme comment ça va se passer ? On va devoir rembourser ? Ca risque de jouer sur notre salaire et les cotisations. ». Une inquiétude partagée par des milliers de Polynésiens.

            






























                                                                                                                       


Joseph, pompier :

« Si on tombe malade, qui viendra vous aider ? »




« C’est la première fois qu’on se retrouve dans une situation de ce type. Ce n’est pas évident car on n’a rien vu venir et ça paralyse tout un pays ». Joseph Tarina est pompier depuis 20 ans. L’homme est habitué au situation les plus extrêmes mais celle d’aujourd’hui dépasse tout ce qu’il a déjà bien pu vivre. Chef de centre des pompier de Papara, il a vu au départ de la crise un changement de comportement au sein de son équipe. « L’inquiétude s’est installée. Au début, nos jeunes volontaires ne voulaient plus prendre de garde, ils avaient peur pour eux et leur famille. On a dû rappeler le corps de notre métier : sauver les gens », souligne Joseph. Le maire a réquisitionné tous les pompiers, professionnels et volontaires. Pas de congés possibles ni de récupération. Les gardes tournent avec quatre équipes. Tous sont prêts en cas de covid-19 à Papara. Une ambulance est même affectée au transport de patient atteint du virus. « On a enlevé du matériel pour éviter à devoir tout sortir pour désinfecter à chaque fois, on a gardé que ce qu’il y avait de nécessaire en cas de coronavirus. On a aussi un peu de matériel de protection pour nous ». Les pompiers sont dotés de lunettes, de blouses, de gants. Mais ce qui pêche ce sont les masques. Ils ont lancé commande de 500 masques chirurgicaux et autant de FFP2. En attendant, ils doivent faire avec les 45 qui restent. « On économise. On ne peut pas les utiliser sur toutes les interventions. Quand on transporte malade au CHPF, les médecins nous demandent de porter des masques mais on ne peut pas ! ».



 







« En vous protégeant, vous nous protégez aussi »



Les pompiers suivent méticuleusement les gestes barrières et nettoient soigneusement toutes les surfaces qu’ils touchent. A l’instar des policiers, leurs tenues sont lavées directement à la caserne. Les hommes se douchent aussi sur place. Aujourd’hui, l’activité est encore calme. Au lieu de cinq interventions par jour, ils sont à trois voire deux. « Il n’y a plus personne sur la route et les gens voient moins le médecin. Du coup, ça nous permet de nous reposer avant le pic. On craint ce moment où on aura pleins de cas d’un coup. Si ça se passe tout doucement, ça va, mais si ça monte en flèche… », confie quelque peu inquiet Joseph. Il sait qu’en cas de pic, les pompiers travailleront non-stop avec cette peur au ventre, tomber malade eux aussi. « On voit encore pas mal de personnes circuler, il faut respecter les consignes de confinement. En vous protégeant, vous nous protégez aussi. Car, si on tombe malade, qui viendra vous aider ? Il n’y aura plus personne ». Le message de Joseph et ses collègues est clair, et tous espèrent qu’il sera entendu.


























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